16 septembre 2007
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Tu es pleine de colère, petite fille, mais la colère est vaine, elle ne fait pas passer le chagrin. Lorsque je lui demande ce qui fait passer le chagrin, elle hausse les épaules et soupire : Cela dépend de ce qui l'a causé. Cela dépend aussi de la capacité de chacun à lui donner un autre visage. Vois-tu, c'est mon chagrin qui est là par terre. Il est par terre et non plus en moi. Il ne m'enserre plus dans son éteau. Elle s'approche de la figurine et désigne les cailloux : Voici les pierres de la lapidation, le rejet, l'injustice. Tout cela n'est plus rien qu'une forme sur le sol, que j'ai parfois plaisir à contempler en me disant : Tu es puissante, femme, puisque tu peux désamorcer la haine pour en faire cette figure inoffensive et attachante. Je regarde ces cailloux blancs, et je suis en paix. Je suis entière. Alors, je lui demande : Mais êtes vous heureuse ? Oui, je le suis, me dit-elle doucement, chaque fois que la mélancolie me quitte, je suis heureuse. Le bonheur va et vient. On ne peut pas l'emprisonner. C'est un grand voyageur.
Léonora MIANO, Contours du jour qui vient.
Léonora MIANO, Contours du jour qui vient.