13 avril 2009
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19:59
- Petit moins / Ce soir, bien fatiguée.
+++ Normal plus :-) / Ce soir on termine tôt.
------- trés trés moins moins :-((((( / La plaie de Pongo, adorable croisé basset fauve de Bretagne que j'ai suturé il y a près d'une semaine, est en train de trés mal évoluer.
Quand il me l'a amené, son maitre m'a dit qu'il croyait qu'il s'était bagarré avec un autre chien. J'ai jeté un coup d'oeil au chien dans le coffre de la voiture, j'ai vu un petit trou en zone inguinale, un chien sur ses pattes, vif et muqueuses roses, donc il a attendu, il est passé après le chien de monsieur et madame vieuxchiants qui n'avait pas grand chose mais qui était arrivé avant et dont le maître m'avait déjà engueulée au téléphone parce que je n'étais pas de la région et que je ne savais pas lui indiquer le chemin de la clinique. Ben oui.
Après quand je l'ai fait rentrer [Pongo], j'ai vu que ça saignait quand même pas mal, alors j'ai préparé la salle de chir vite et noté vite aussi les coordonnées du maître.
Il y avait un petit trou saigneux en inguinal, un gros décollement cutané. En explorant, je me suis dit "Pfft, y'a rien." et puis plus en arrière, j'ai découvert les muscles de la cuisse.
De la charpie. Je ne savais même pas quoi suturer avec quoi, c'était tout en bouillie, ça saignait de partout, des fois en nappe, des fois en jolis bouillons bien tourbillonants. A un moment je me suis dit OK j'y arriverai pas seule et j'ai appellé Blancheline l'ASV et puis j'ai remis les gants et elle aussi quand elle est arrivée. J'ai fait de mon mieux et mis un drain. Qui depuis n'a pas cessé de puruler malgrès les antibios et les rinçages désinfectants.
Là, les sutures sont en train de lacher, il y a de l'oedème sur toute la patte, d'énormes hématomes, du pus sous la peau et Pongo ne se sert pas de sa patte.
Je le soigne matin et soir. Il est couché sur la table, maintenu sur le côté par une des ASV, gentil et docile (oui bon, l'IV de morphiiiine juste avant ça aide mais il est quand même super gentil) Et moi je lui fais ses soins et je vois l'évolution avec un sentiment croissant de gâchis et un zeste de panique. Qu'est-ce que je pourrais faire pour enrayer cette évolution ?? Qu'est-ce que j'aurais dû faire différemment ?
... Bon, je vous épargne la litanie... Des "j'aurais pu faire ci"... "Oui, mais..."
Oui mais j'ai fait comme j'ai fait. Est ce que ça aurait changé quelque chose ? Là, je pense que c'est l'euthaaaanasiie qui nous pend au nez pour le mignon Pongo je vois pas trop quoi envisager d'autre et quand je me dis ça, je panique un peu. J'essaye de me dire que j'ai fait de mon mieux au moment où j'étais en situation, que ce n'est pas d'avoir fait çi au lieu de ça qui va faire la différence, que peut-être ça aurait fait pareil si j'avais fait comme ci et non comme ça, mais, bon, voila, j'aimerais mieux ne pas avoir à me poser ces questions...
Le gentil Pongo remis dans son boxe, je passe au reste de la journée. Le monde ne s'arrête pas de tourner...
+++++ Sourire du soir / Ce soir, au moment où Gwendal, mon employeur avec qui j'ai fait la semaine en l'absence de son employée, s'en va, je lui signale que la porte du chenil est de plus en plus dure à fermer.
Il me répond qu'il y a une technique, il va me montrer et il appelle aussi les deux ASV pour qu'elles écoutent.
Il sort en nous laissant à l'intèrieur et commence sa démonstration en nous parlant à travers la porte. Mélisandre l'ASV brune et Blancheline la blonde sont à côté de moi et commencent à délirer, ce qui fait que déjà je n'entends rien.
"Et voilà, c'est fermé" termine-t-il triomphant mais d'une voix étouffée par la porte qui nous sépare et Mélisandre lui répond malicieusement "D'accord, Docteur, on a bien compris, vous pouvez rouvrir" tout en pesant de tout son poids avec l'aide de Blancheline pour l'en empêcher. Je vois qu'il essaie d'ouvrir, et à côté de moi les deux sont suspendues à la poignée de porte comme des gamines malicieuses, c'est con et gamin mais c'est drôle, je commence à exploser de rire le plus discrètement possible.
Il lance de l'extérieur "oh, vous arrêtez vos sornettes ?"et elles lui disent innocemment "Quoi, Docteur, on n'a rien fait, et vous, c'est aujourd'hui ou demain que vous rouvrez ? Parce que là, c'est tout ce qu'il y a de plus fermé."
L'instant d'après il parvient à rouvrir et se retrouve devant les deux nénettes - Blancheline la toute jeune blonde à la coiffure hyperstructurée, maquillage précis, minijupe et talons, je ne sais comment elle fait pour travailler dans cette tenue, avec ça hyper pro et efficace -- Mélisandre la brune un peu plus âgée que moi, douce avec ses cheveux noirs et ses jolis yeux bleus, maternelle et pétillante -- aux mines malicieusement innocentes et moi -- mon pantalon pas tous propre parce que voilà, c'est la fin d'une bonne grosse journée et j'ai bossé, ma p'tite blouse verte avec mon tee shirt rouge vif dessous, mes cheveux que je viens de dénouer et dont les boucles reprennent leur liberté en douceur -- pliée en deux comme il ne m'a jamais vue.
Gwendal a dans les cinquante ans, chatain clair grisonnant aux cheveux courts, les yeux bleus, toujours mal rasé, il est très séduisant. Lui, Mélisandre et Blancheline travaillent dans une bonne ambiance à laquelle je me suis facilement jointe et se taquinent beaucoup. Et quand il commence à sourire, c'est contagieux, j'ai envie de rire rien qu'en le regardant.
Il nous regarde un peu surpris mais déjà rieur et restant dans son rôle enchaîne en nous disant je ne sais plus quoi au sujet de la porte, il y a des cliquets -- je ne sais même pas ce dont il s'agit -- qu'il faut bien enclencher par derrière, Mélisandre opine avec componction en alternance avec Blancheline et moi je suis toujours pliée en deux et hoquetante, je parviens tous juste à lui souhaiter une bonne soirée quand il s'éloigne en rigolant.
Il vaut mieux ça que de pleurer.
------- Edit du lendemain : ce soir, injecté le produit rose qui soigne tout dans la perfusion de Pongo avec un calin sur son museau à la barbe emmêlée, en lui souhaitant de dormir bien, longtemps
et l'espace de quelques battements de coeur il était parti.
+++ Normal plus :-) / Ce soir on termine tôt.
------- trés trés moins moins :-((((( / La plaie de Pongo, adorable croisé basset fauve de Bretagne que j'ai suturé il y a près d'une semaine, est en train de trés mal évoluer.
Quand il me l'a amené, son maitre m'a dit qu'il croyait qu'il s'était bagarré avec un autre chien. J'ai jeté un coup d'oeil au chien dans le coffre de la voiture, j'ai vu un petit trou en zone inguinale, un chien sur ses pattes, vif et muqueuses roses, donc il a attendu, il est passé après le chien de monsieur et madame vieuxchiants qui n'avait pas grand chose mais qui était arrivé avant et dont le maître m'avait déjà engueulée au téléphone parce que je n'étais pas de la région et que je ne savais pas lui indiquer le chemin de la clinique. Ben oui.
Après quand je l'ai fait rentrer [Pongo], j'ai vu que ça saignait quand même pas mal, alors j'ai préparé la salle de chir vite et noté vite aussi les coordonnées du maître.
Il y avait un petit trou saigneux en inguinal, un gros décollement cutané. En explorant, je me suis dit "Pfft, y'a rien." et puis plus en arrière, j'ai découvert les muscles de la cuisse.
De la charpie. Je ne savais même pas quoi suturer avec quoi, c'était tout en bouillie, ça saignait de partout, des fois en nappe, des fois en jolis bouillons bien tourbillonants. A un moment je me suis dit OK j'y arriverai pas seule et j'ai appellé Blancheline l'ASV et puis j'ai remis les gants et elle aussi quand elle est arrivée. J'ai fait de mon mieux et mis un drain. Qui depuis n'a pas cessé de puruler malgrès les antibios et les rinçages désinfectants.
Là, les sutures sont en train de lacher, il y a de l'oedème sur toute la patte, d'énormes hématomes, du pus sous la peau et Pongo ne se sert pas de sa patte.
Je le soigne matin et soir. Il est couché sur la table, maintenu sur le côté par une des ASV, gentil et docile (oui bon, l'IV de morphiiiine juste avant ça aide mais il est quand même super gentil) Et moi je lui fais ses soins et je vois l'évolution avec un sentiment croissant de gâchis et un zeste de panique. Qu'est-ce que je pourrais faire pour enrayer cette évolution ?? Qu'est-ce que j'aurais dû faire différemment ?
... Bon, je vous épargne la litanie... Des "j'aurais pu faire ci"... "Oui, mais..."
Oui mais j'ai fait comme j'ai fait. Est ce que ça aurait changé quelque chose ? Là, je pense que c'est l'euthaaaanasiie qui nous pend au nez pour le mignon Pongo je vois pas trop quoi envisager d'autre et quand je me dis ça, je panique un peu. J'essaye de me dire que j'ai fait de mon mieux au moment où j'étais en situation, que ce n'est pas d'avoir fait çi au lieu de ça qui va faire la différence, que peut-être ça aurait fait pareil si j'avais fait comme ci et non comme ça, mais, bon, voila, j'aimerais mieux ne pas avoir à me poser ces questions...
Le gentil Pongo remis dans son boxe, je passe au reste de la journée. Le monde ne s'arrête pas de tourner...
+++++ Sourire du soir / Ce soir, au moment où Gwendal, mon employeur avec qui j'ai fait la semaine en l'absence de son employée, s'en va, je lui signale que la porte du chenil est de plus en plus dure à fermer.
Il me répond qu'il y a une technique, il va me montrer et il appelle aussi les deux ASV pour qu'elles écoutent.
Il sort en nous laissant à l'intèrieur et commence sa démonstration en nous parlant à travers la porte. Mélisandre l'ASV brune et Blancheline la blonde sont à côté de moi et commencent à délirer, ce qui fait que déjà je n'entends rien.
"Et voilà, c'est fermé" termine-t-il triomphant mais d'une voix étouffée par la porte qui nous sépare et Mélisandre lui répond malicieusement "D'accord, Docteur, on a bien compris, vous pouvez rouvrir" tout en pesant de tout son poids avec l'aide de Blancheline pour l'en empêcher. Je vois qu'il essaie d'ouvrir, et à côté de moi les deux sont suspendues à la poignée de porte comme des gamines malicieuses, c'est con et gamin mais c'est drôle, je commence à exploser de rire le plus discrètement possible.
Il lance de l'extérieur "oh, vous arrêtez vos sornettes ?"et elles lui disent innocemment "Quoi, Docteur, on n'a rien fait, et vous, c'est aujourd'hui ou demain que vous rouvrez ? Parce que là, c'est tout ce qu'il y a de plus fermé."
L'instant d'après il parvient à rouvrir et se retrouve devant les deux nénettes - Blancheline la toute jeune blonde à la coiffure hyperstructurée, maquillage précis, minijupe et talons, je ne sais comment elle fait pour travailler dans cette tenue, avec ça hyper pro et efficace -- Mélisandre la brune un peu plus âgée que moi, douce avec ses cheveux noirs et ses jolis yeux bleus, maternelle et pétillante -- aux mines malicieusement innocentes et moi -- mon pantalon pas tous propre parce que voilà, c'est la fin d'une bonne grosse journée et j'ai bossé, ma p'tite blouse verte avec mon tee shirt rouge vif dessous, mes cheveux que je viens de dénouer et dont les boucles reprennent leur liberté en douceur -- pliée en deux comme il ne m'a jamais vue.
Gwendal a dans les cinquante ans, chatain clair grisonnant aux cheveux courts, les yeux bleus, toujours mal rasé, il est très séduisant. Lui, Mélisandre et Blancheline travaillent dans une bonne ambiance à laquelle je me suis facilement jointe et se taquinent beaucoup. Et quand il commence à sourire, c'est contagieux, j'ai envie de rire rien qu'en le regardant.
Il nous regarde un peu surpris mais déjà rieur et restant dans son rôle enchaîne en nous disant je ne sais plus quoi au sujet de la porte, il y a des cliquets -- je ne sais même pas ce dont il s'agit -- qu'il faut bien enclencher par derrière, Mélisandre opine avec componction en alternance avec Blancheline et moi je suis toujours pliée en deux et hoquetante, je parviens tous juste à lui souhaiter une bonne soirée quand il s'éloigne en rigolant.
Il vaut mieux ça que de pleurer.
------- Edit du lendemain : ce soir, injecté le produit rose qui soigne tout dans la perfusion de Pongo avec un calin sur son museau à la barbe emmêlée, en lui souhaitant de dormir bien, longtemps
et l'espace de quelques battements de coeur il était parti.