au précédent article.
En fait quelqu'un (que je ne veux pas vexer, c'est pourquoi d'ailleurs je ne validerai le commentaire que si son auteur le souhaite) m'a écrit un commentaire qui de façon certainement involontaire m'a fait bondir (j'explique plus bas ce qui exactement m'a heurtée).
Je suis parfaitement consciente que les gens ne connaissent pas forcément le système d'ungence vétérinaire, je vais donc essayer de vous en parler. Je suis également trés consciente de la différence de vision qu'ont le vétérinaire et le propriétaire : j'ai eu un chien, je sais ou j'ai su ce que c'est que d'être inquiète. Cela n'empêche pas, quand on connait un peu mieux le système, de respecter le professionnel.
Le système des urgences vétérinaires, tout d'abord :
— Le traitement des urgences (ou permanence des soins) est une obligation légale, incluse dans notre code de déontologie lui-même inclus dans le code rural, article R. 242-32 et suivants.
Art. R.* 242-48. - Devoirs fondamentaux. [...]
IV. - Il assure lui-même ou par l'intermédiaire d'un de ses confrères la continuité des soins aux animaux
qui lui sont confiés.
Il faut savoir que ce système peut être assuré de plusieurs façons.
Dans les grandes villes, vous pouvez avoir un CHV (centre hospitalier vétérinaire) qui fonctionne 24 H sur 24. Ce sont notamment les écoles vétérinaires (Pschhhhhhht la Vieille Maison ! , aheum, excusez-moi, je m'égare) mais aussi de grosses grosses cliniques vétérinaires.
J'imagine**** que dans ces CHV il y a des vétos qui consacrent leur nuit aux urgences et sont de repos le lendemain.
Il existe également (plutôt aussi dans les grandes villes) des systèmes d'urgences vétérinaires à domicile : les vétérinaires ainsi organisés ne font souvent "que cela"**** et ont tout leur matériel dans des malettes (ou autres) spéciales. Ils restent néanmoins limités (enfin, je pense ?) dans les examens complémentaires : je doute qu'ils emmènent un appareil de radio, d'échographie et un analyseur de biochimie-hématologie avec eux.
[****mais en fait je n'en SAIS rien, alors si un véto urgentiste à domicile ou en CHV a des précisions à fournir, je serai ravie de corriger mon texte en incluant un retour d'expérience personnalisé et compétent sur ce sujet]
Mais la plupart des vétos, quand ils sont de garde de nuit, doivent assurer également leur journée de travail le lendemain.
Second point, pour moi en tant que vétérinaire faisant partie du dernier paragraphe précédent, la gestion des appels d'urgence répond à une définition et un principe qui sont les suivants :
— Une véritable urgence serait un problème pathologique (ou PP) ** survenant de façon aigüe et influant le pronostic vital (pour parler français, "menaçant la vie de l'animal") à court terme. Donc c'est quelque chose qui ne peut objectivement pas attendre le retour en horaires ouvrables.
On peut ajouter éventuellement à cela les PP traités et suivis faisant l'objet d'une complication brutale en pleine nuit / WE / jour fériés ainsi que tout ce qui est phénomène hyper douloureux : même si ils ne menacent pas forcément la vie de l'animal, on ne va pas laisser un chien / chat / cochon d'inde se tordre de douleur (c'est une image !).
**mention spéciale pour Mr M, grand nom de la médecine vétérinaire française qui nous disait toujours que le terme "pathologie" renvoyait à la science étudiant les maladies, leurs causes et leurs symptômes et que son utilisation pour désigner la maladie était impropre.
Qu'il fallait donc parler de "problème pathologique" pour parler d'une maladie précise.
Pour moi (et je pense que beaucoup de vétos seront d'accords), devraient être exclus de la notion d'urgence à proprement parler tous les problèmes qui traînent depuis des heures / jours / semaines (rayer la mention inutile), la personne n'a pas eu le temps ("vous comprenez, je travaille, moi", ah oui, et moi tu crois que je m'amuse, là tout de suite ?) ou la présence d'esprit ("je pensais que ça allait passer"...) de venir consulter dans les horaires ouvrables et puis là subitement ce soir / samedi après midi / jour férié, elle regarde son animal différemment et réalise qu'il a réellement un problème et qu'il faut consulter.
Tous ces PP là sont pour moi*** à qualifier d'"urgences ressenties".
[*** Bon, il peut y avoir des approximations involontaires dans ce que je dis, ou des opinions personnelles avec lesquelles d'aucuns ne seraient pas en accord, n'est-ce pas !]
— Moi par téléphone, quel que soit (ou presque) le motif d'appel, je ne peux pas être sûre de faire le tri entre une véritable urgence et quelque chose qui peut attendre le (sur)lendemain.
Donc quel que soit (ou presque) le motif d'appel, je vais proposer de faire venir l'animal pour un examen. Je le répète, on ne peut pas faire de télémédecine : pour émettre un diagnostic ou un avis fiable et proposer un traitement adéquat, il faut examiner l'animal de visu, avec ses mains, ses yeux et ses oreilles.
On parle bien de "faire venir" l'animal. Hors de question pour moi de me déplacer en urgences. Je travaille dans une clinique vétérinaire que je ne peux pas transporter au chevet d'un animal, je n'ai pas non plus de malette d'urgence. Quasiment tous les "petits" animaux de compagnie sont transportables à condition d'y mettre les moyens (oui oui je sais c'est parfois plus facile à dire qu'à faire), et pour les gens qui n'ont pas de voiture, il existe un peu partout des services d'ambulances animalières.
— Et c'est bien là que la vision du vétérinaire diverge de celui du propriétaire. Celui-ci en effet voudrait souvent être rassuré sans avoir à se déplacer ou à dépenser les wouatmille euro de consultation d'urgence.
Ben non, ça marche généralement pas comme ça, alors lire des trucs du style "Oui, je comprends, ce n'est pas agréable d'être réveillée et je compatis. Et en même temps, si vous veniez à mon domicile, , nous serions toutes deux rassurées : moi, pour mon chien et vous pour la suite de votre nuit. Merci !" ;-))) ." , ça me fait bondir.
Et c'est là que je suis gênée vis à vis de toi qui a imaginée cette réponse peut-être "pour rire". Je ne veux surtout pas te vexer, et j'ai une facheuse tendance à trop réagir au premier degrés quand il faudrait prendre un peu de distance et d'humour. Mais justement ce genre de réponse est trop proche de certains comportements vus en réalité (Kastor83 et Didou semblent le vivre aussi, et probablement bien d'autres) pour être drôle. Vraiment désolée, et crois bien qu'il n'y a pas d'attaque personnelle, simplement une tentative pour expliquer.
Quand j'ai quelqu'un au téléphone en urgence, le fond du problème n'est pas d'être "rassurée pour ma nuit", mais de faire correctement mon travail.
Et mon travail, c'est de soigner des animaux, même la nuit, et je le fais, pas toujours avec enthousiasme, mais toujours avec conscience professionnelle.
Donc si un animal a besoin d'être vu, je sacrifie mon sommeil sans me poser de questions.
Mais justement, faut pas pousser mémé dans les orties non plus.
.... Et donc faut pas me demander de faire de médecine par téléphone (ou en d'autres termes, faut pas me demander de sacrifier mon sommeil pour ne pas faire mon travail),
.... faut pas penser que je vais aller à domicile (y'a d'autres vétérinaires pour ça, cf supra) sauf cas trés exceptionnels (j'ai quand même un coeur, faut pas croire) (enfin j'ai aussi à coeur de travailler en sécurité donc les visites à domicile de nuit... ),
.... faut pas penser qu'on puisse me déranger plusieurs fois dans une même nuit pour une connerie (ce qui signifie que je vais trouver une autre réponse à ce type de situation puisque manifestement l'ironie n'est pas un bon moyen de me faire comprendre)
et il ne faut surtout pas essayer de pousser mémé dans les orties et tenter de faire passer le truc d'un faussement gentil "je compatis".
Pourquoi "faussement gentil" ? parce que les gens qui te dérangent la nuit, soit ils sont réellement inquiets (et dans ce cas là ils te disent un truc du style "je suis désolé de vous déranger mais..." et ils viennent — témoin cette jeune femme qui aprés m'avoir demandé si je ne pouvais pas la rassurer par téléphone m'a dit "écoutez, je case ma fille parce que je ne veux pas l'emmener" et je vous rappelle.") soit ils n'ont pas conscience de te déranger (par exemple parce qu'ils croient que tu es le véto de nuit qui prend son service à 20 H, le termine à 8 H et va dormir ensuite), soit ils s'en fichent complètement et c'est plus agaçant qu'autre chose qu'ils essayent de te manipuler en faisant semblant du contraire.
..... À part ça, je voulais écrire un truc tout à fait futile mais ça sera pour une autre fois.
.... et vous, vous voulez me raconter ce qui vous insupporte dans votre métier, sur le thème, "c'est pas mon boulot et on essaye quand même de me rouler dans la farine " ?